Dès les années 50, les laboratoires pharmaceutiques utilisèrent le dessin humoristique comme vecteur de promotion de leurs produits sous forme de buvards, de cartes postales ou de planches plus ou moins cartonnées.
Ces envois, aux médecins comme aux pharmaciens, étaient isolés ou constituaient parfois de véritables séries comme Optalidon des Laboratoires Sandoz, Hémoclar des Laboratoires Byla, Activarol des Laboratoires de l’Hépatrol, Oponeuryl des Laboratoires Michel Robilliart, Atarax de l’Union Chimique Belge ou encore Cepevit K des laboratoires Fraysse.
Ce fut le cas pour les Laboratoires Le Brun, probablement les plus actifs dans ce domaine et les plus intéressants pour la qualité des dessinateurs, souvent célèbres ou en devenir, la durée dans le temps, la régularité.
Hormis le bel ensemble de Menus « A table » illustrés par Cabu, Bellus et Sempé, les Laboratoires Le Brun sont à l’origine de la plus belle série de planches humoristiques, rassemblées dans des portfolios.
Les Laboratoires Le Brun, grâce au responsable de la communication de l’époque Jean Le Bihan, proposèrent à différents dessinateurs d’illustrer le thème du rhume, à raison d’un dessin par mois, de janvier à décembre sur le recto, accompagné d’un calendrier mensuel sur le verso sis au dessus d’une publicité pour un de leurs produits.
Je serais heureux de pouvoir communiquer avec une personne qui a travaillé pour les Laboratoires Le Brun ou qui aurait des documents ou des informations sur cette époque.
Copyright Sempé/Laboratoires Le Brun Exemple typique d’un verso |
A chaque auteur de montrer, sur le mode humoristique, les mille et une façons de s’enrhumer au fil des mois.
La série s’étala ainsi de 1952 à 1973, ce qui est une longévité remarquable. Et selon Barberousse, les dessinateurs avaient carte blanche.
Il est intéressant de noter que les Laboratoires Le Brun éditèrent en plus d’une version française, une version belge, reconnaissable par le verso où était alors écrit « Pharmacie Centrale de Belgique SA (ou PCB) en bas de planche. Mais il y a eu aussi des éditions suisses et québecoises.
Version française |
Version belge |
Autre possibilité des versions belges |
Version suisse |
Version québecoise |
A priori, cette double édition fut réalisée dès la première année (mais c’est à confirmer). Autre différence, les médicaments présentés sur les versos différent entre les versions françaises et belges.
J’ai même récemment découvert un exemplaire de « Comment on s’enrhume en 12 images de Sempé » distribué par la Société Pharmac en Suisse, j’ai découvert récemment que certains (tous?) portfolios avaient été diffusés aussi au Canada par le laboratoire Welcker & Cie Ltée. Je possède ainsi « Comment on s’enrhume à la montagne », « Comment on s’enrhume en 12 images » (1968) de Bellus et « Comment s’enrhument les amoureux de Peynet ».
Certains titres sont actuellement très difficiles à trouver:
-soit par la notoriété importante du dessinateur comme Savignac (illustrateur publicitaire recherché), Dubout ou Peynet,
-soit au contraire par la moindre notoriété du dessinateur, comme Poey, et l’on peut penser ici que de nombreux exemplaires furent à l’époque simplement détruits ou jetés, ou ont disparu lors des différentes successions notariales,
-soit par un tirage plus faible, ce qui est vraisemblable pour le dernier titre en 1973,
et peuvent, pour certains atteindre plusieurs dizaines d’euros.
Il semble aussi que certains portfolios étaient envoyés dans une enveloppe spécifique, elle aussi illustrée par l’auteur. Encore plus rares, je n’en ai que 4 sur l’ensemble de la série.
A noter aussi que les dernières années, le format fut modifié et pris quelques cm.
Une particularité: en 1968, les laboratoires reprirent les mêmes dessins de Bellus qu’en 1954, seuls les versos diffèrent au niveau du calendrier (logique) et des médicaments présentés. Défaillance d’un dessinateur et réutilisation d’un travail antérieur dans l’urgence ou simplement hommage rendu à ce dessinateur disparu en 1967?
Les médicaments promus au travers de cette série sont assez constants: Eucalyptine Le Brun, Eucalyptine-Pholcodine, Iodomagnésium iodé, Isoniazide-Eucalyptol, Magnésiode, Mégabyl, Mictasol, Nutran, Pancalcion, Streptoniazide, Tonisystol.
La difficulté pour le collectionneur sera de trouver des portfolios en bon état (car mal conservés, les planches, après un demi-siècle se recouvrent volontiers de taches de rousseur) et complets avec leurs douze planches.
A signaler un bel article sur le même sujet dans la revue Papiers Nickelés du 4ème trimestre 2008 par Benoit Marchon.
Année | Titre | Auteur | Format | Remarques |
1952 | Comment on s’enrhume | H Poey | 16×24,5 | Une seule référence à l’auteur dans ce portfolio, sur la planche de décembre |
1953 | Comment on s’enrhume en 12 images de Peynet | Peynet | 16×23,5 | Première collaboration de Peynet avec le laboratoire |
1954 | Comment on s’enrhume en 12 images de Jean Bellus | Bellus | 16×23 | Ce format sera retenu pendant 15 ans |
1955 | Comment on s’enrhume en 12 images de Barberousse | Barberousse | 16×23 | |
1956 | Comment on s’enrhube…en 12 images de Dubout | Dubout | 16×23 | Dubout, plein d’humour ose le verbe « enrhube » |
1957 | Comment on s’enrhume… en 12 images de Sempé | Sempé | 16×23 | |
1958 | Comment on s’enrhume à la mer en 12 images de Moal Lic | Moal Lic | 16×23 | |
1959 | Comment on s’enrhume à la montagne | Bellus | 16×23 | |
1960 | Comment on a commencé à s’enrhumer…en 12 images de Jean Effel | Jean Effel | 16×23 | |
1961 | Comment on s’enrhume à Paris | Sempé | 16×23 | |
1962 | Comment s’enrhument les amoureux de Peynet | Peynet | 16×23 | Très recherché par les amateurs de Peynet |
1963 | Comment on s’enrhume entre chats et souris | Barberousse | 16×23 | Deuxième collaboration de cet immense dessinateur |
1964 | Comment on s’enrhume au collège | Cabu | 16×23 | Cabu à ses débuts |
1965 | Comment on s’enrhume chez Molière | Jean Effel | 16×23 | |
1966 | Comment on s’enrhube en vacances… | Dubout | 16×23 | Il y a 2 versions différentes de ce portfolio avec 2 couvertures légèrement différentes |
1967 | Comment on s’enrhume d’amour et d’eau fraîche | Peynet | 16×23 | |
1968 | Comment on s’enrhume en 12 images de Jean Bellus | Bellus | 16×23 | Réédition de la version de 1954 suite au décès de Bellus |
1969 | Comment s’enrhument les médecins | Sempé | 20×30 | Changement de format pour sa troisième collaboration qui laisse plus d’espace au dessinateur pour s’exprimer |
1970 | Comment on s’enrhume par Savignac | Savignac | 20×30 | Assurément le plus recherché et le plus cher de la série |
1971 | Comment on s’enrhumait… | Jacques Faizant | 18×27 | Encore un changement de format |
1972 | Comment s’enrhument les bêtes | Jean Effel | 18×27 | Troisième collaboration à cette série |
1973 | Comment on s’enrhume… ou « les malheurs de Monsieur Truffe » | Barberousse | 18×27 | Troisième collaboration de Barberousse et dernier portfolio de la série |